Il avait mis la lampe en batterie et le puissant faisceau de lumière fouilla les profondeurs du ravin, pour se fixer bientôt sur les débris tordus de l’auto grise qui était allée se fracasser cent mètres plus bas contre un groupe de rochers. Aucun signe de vie ne se manifestait à bord ni dans les parages.
— N’a pas l’air d’avoir quelqu’un de vivant là en bas, fit l’Ecossais.
Moraine secoua la tête.
— Il faudrait au moins être Superman pour résister à une chute pareille. Le mieux que nous ayons à faire serait d’aller jeter un coup d’œil sur place.
Les deux amis s’engagèrent sur la pente et, au bout de quelques minutes d’une descente sans histoire, parvinrent auprès des restes fracassés de l’auto grise. Les deux passagers se trouvaient toujours à bord, mais ils étaient morts à présent. Après avoir tiré leurs corps des décombres, Morane et Ballantine les considérèrent. L’un d’eux était un petit homme au teint basané et aux cheveux rares. Le second avait approximativement la stature de Morane. Bien entendu, tous deux étaient inconnus aux deux amis.
— Fouillons-les, dit Bob. Peut-être trouverons-nous quelque chose d’intéressant…
Ils eurent beau cependant inspecter les poches des deux victimes, ils n’y découvrirent rien d’autre que des revolvers dont les numéros avaient été limés, un couteau à cran d’arrêt et un coup de poing américain. Pas de papiers, pas de passeport, ni rien de ce genre.
— Décidément, dit Bob, ces gens-là s’entourent d’un luxe de précautions…
À ce moment, Ballantine poussa un léger cri de triomphe et tendit à son compagnon un morceau de papier plié en quatre, qu’il venait de découvrir au fond d’une petite poche pratiquée sous la ceinture du plus grand des deux hommes. Bob s’en empara, le déplia et, à la lueur de la lampe, lut les quelques mots qui s’y trouvaient écrits en espagnol :
Ce soir, 12 juin. Minuit très précis, à la Casa del Sol. Route de Callao.
— La Casa del Sol, fit Morane, la Maison du Soleil… Le 12 juin, c’est aujourd’hui. Évidemment, comme renseignement cela peut paraître fort pauvre ; mais qui sait, peut-être est-ce là le point de départ d’une piste qui permettra au président Cerdona de découvrir enfin l’identité de ses adversaires.